La gynécologie médicale en France

ENQUETE BVA

Ressenti des femmes à l'égard du suivi gynécologique.

I – La gynécologie médicale en France : HIER

Jusqu’en 1984 la France possédait une originalité dans le domaine de la santé : la Gynécologie Médicale (GM) spécialité universitaire née en 1963. C’était le C.E.S. de Gynécologie Médicale vivant harmonieusement à côté du C.E.S. de Gynécologie Obstétrique. On pouvait, d’ailleurs, passer du C.E.S. de Gynécologie Médicale au C.E.S. de Gynécologie Obstétrique, et vice-versa, si on le souhaitait en effectuant une année de formation supplémentaire dans des services hospitaliers agréés.

Ces gynécologues médicaux avaient mis toutes leurs compétences à promouvoir la contraception, à lutter contre les maladies sexuellement transmissibles, à diminuer les actes chirurgicaux mutilants voire inutiles en gynécologie, en même temps qu’ils ont développé la prise en charge médicale des troubles gynécologiques de l’après-cinquantaine par des traitements hormonaux efficaces et bien conduits.

A la suite de la réforme de l’internat en 1984, la Gynécologie Médicale a été supprimée du cursus universitaire. Depuis, l’enseignement de la Gynécologie Médicale a été diffusé essentiellement grâce à l’action des professionnels de terrain regroupés en onze collèges régionaux qui ont, avec ténacité et savoir-faire, assuré la formation continue en gynécologie médicale.

Les collèges régionaux de Gynécologie Médicale ont ainsi assuré la diffusion des immenses progrès de la gynécologie dans les domaines de l’hormonothérapie, de la génétique, de la reproduction humaine, de la sénologie, etc.

Depuis la suppression du CES de Gynécologie Médicale, un déficit en gynécologues médicaux a évidemment commencé à se dessiner. En France on estime à 2101 le nombre de gynécologues médicaux et à 5032 celui des gynécologues obstétriciens (Répertoire ADELI, 1/01/2005)

II - La Gynécologie Médicale en France : AUJOURD’HUI

Grâce à la mobilisation de la profession et surtout aux 1 600 000 femmes de notre pays ayant signé la pétition nationale réclamant la restauration de la Gynécologie Médicale comme spécialité, un nouveau Diplôme d’Etudes Spécialisées de Gynécologie Médicale (DES de GM) est créé.

Le décret du 30/01/ 2003(paru au J.O. du 01/02/2003) a rétabli cette discipline. Deux arrêtés (J.O. du 17 Avril 2003) complètent ce décret et organisent la nouvelle spécialité de Gynécologie Médicale, mettant en place à compter du 1er Novembre 2003 :

1 – une discipline d’internat en Gynécologie Médicale, spécifique et distincte de celle de Gynécologie-Obstétrique

2 – Un Diplôme d’Etudes Spécialisées (DES de Gynécologie Médicale)

Deux autres arrêts publiés au J.O. du 18 Avril 2003, réglementent :

1 – la maquette du nouveau DES, validée par le CNESER le 17/02/2003 (arrêté du 8/4/2003)

2 – le nombre de postes attribués à la Gynécologie Médicale.

La Gynécologie Médicale renaît donc par la voie royale de l’internat.

Les internes du DES de Gynécologie Médicale, nos successeurs de demain, sont au nombre de 72 en France.

Les internes du DES de Gynécologie Médicale sortant en 2007 étaient au nombre de 10. En 2008 sortiront 13 internes en Gynécologie Médicale. En 2009, 19 et en 2010, 20.

Quant au post-internat, on compte, en 2007, 8 postes de chef de clinique en Gynécologie Médicale (5 à Paris, 2 à Lille, 1 à Marseille).

7 coordinateurs interrégionaux veillent au bon fonctionnement du DES de Gynécologie Médicale dans nos région.

Ils assurent l’enseignement des internes en Gynécologie Médicale

Les internes du DES de Gynécologie Médicale ont créé, comme nous le souhaitions, une Association des Internes de Gynécologie Médicale (AIGM). La première présidente de l’AIGM à été Christine JABLONSKI. L’actuelle présidente est Florence COUSSY.

Les internes en Gynécologie Médicale se disent satisfaits de la qualité de l’enseignement théorique et pratique qui leur est dispensé.

1 P.U.P.H. et 3 M.C.U.P.H. en Gynécologie Médicale ont été nommés.

Le décret n°2006-1660 du 22 décembre 2006 relatif au don de gamètes et à l’assistance médicale à la procréation, ouvre aux gynécologues médicaux l’agrément pour exercer les activités cliniques et biologiques de l’AMP.

Apparemment donc, 4 ans après sa création, le DES de Gynécologie Médicale fonctionne correctement et la spécialité de Gynécologie Médicale semble s’implanter d’une manière satisfaisante dans notre pays

III – La Gynécologie Médicale de France : DEMAIN

En réalité l’avenir du DES de Gynécologie Médicale et de la Gynécologie Médicale en France fait l’objet d’inquiétudes légitimes.

En effet, on ne peut que déplorer :

    Le peu d’universitaires (=4) nommés en Gynécologie Médicale jusqu’en 2006 et aucune nomination en 2007 ;
    Le peu de postes d’internes offerts par an aux Epreuves Classantes Nationales : 20 par an pour tout le territoire français.

D’autre part, les perspectives de nomination des chefs de clinique en Gynécologie Médicale sont incertaines à partir de 2008. Or l’attractivité de cette jeune spécialité tient beaucoup à l’avenir universitaire et du post-internat de la Gynécologie Médicale.

Par ailleurs, il existe un dysfonctionnement du DES de Gynécologie Médicale dans certaines régions.

Il faut enfin tenir compte que la moyenne d’âge des gynécologues actuels en exercice est supérieure à celle de l’ensemble des spécialistes (53 ans contre 51 ans), et que l’on peut craindre d’ici à 2020 un départ en retraite de plus de 60% d’entre eux.

La spécialité de Gynécologie Médicale en France n’a donc pas atteint la maturité et la sérénité qu’elle espérait et certains commencent même à parler d’une restructuration du DES de Gynécologie Médicale !!!

« Rien n’est acquis et ni les femmes ni les gynécologues ne doivent l’oublier » (Jean Cohen, Versailles, 19 Mas 2005).

En réalité l’avenir du DES de Gynécologie Médicale, et donc de la spécialité de Gynécologie Médicale en France, sera celui que souhaiteront obtenir pour lui les universitaires, les chefs de clinique et les internes nommés dans cette discipline, soutenus par les gynécologues médicaux en exercice, unis, solidaires et vigilants au sein des collèges régionaux de gynécologie et de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale et soutenus, si besoin est, par les femmes et les couples de ce pays.
D’après la présentation de David Serfaty à Nancy en Novembre 2007